Dun camp à l’autre, par Alice Corbet Corail : l’avenir incertain d’un camp trop rigide Canaan : installer la vie, installer la ville Camp et peuplement Après Fukushima. La vie préfabriquée, par François Gemenne Contexte Dans les camps, une attente qui n’a pas de fin La zone contaminée, un camp qui ne dit pas son nom Khartoum (Soudan).
Uncoureur de la PTL (Petite Trotte de Léon) de nationalité brésilienne est mort, dans la nuit de lundi à mardi, suite à une chute dans la montée vers le refuge de Plan Glacier (Massif du
Lemonde à l'envers - Catalogue. IIIII IIIII nous soutenir IIIII manuscrits IIIII. A paraître. Les cours en visio me donnent envie de mourir. Marion Honnoré. Mais pour toi demain il fera beau (nouvelle édition) Coline Picaud. Égologie. Écologie, individualisme et
Dun monde à l'autre. Dans un monde traversé de violence et de changements de toutes natures liés entre autres à notre vision à court terme
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AuSalon "L'Inde des livres", Olivier Da Lage dédicace ses deux derniers ouvrages, dont Bombay, d'un quartier à l'autre. 18 nov. 2017. 27 mars 2017. BiblioMonde au Salon du livre 2017. 27 mars 2017 . Les éditions BiblioMonde ont présenté leurs premiers livres au Salon du Livre de Paris 2017. 27 mars 2017 “ Une maison résolument ouverte sur le monde ” — Les éditions
Notremonde est logistique. La pléthore d’acteurs qui consacrent leur énergie à acheminer les biens consommés de par le globe en témoigne : la circulation des marchandises est devenue un moteur essentiel du capitalisme mondialisé. Les pays les plus riches se constellent d’entrepôts qui prennent la place des usines abandonnées ; les
WilliamIrigoyen. 19,90€. Tout voir. Amérique du sud (1) Europe (8) Asie-Pacifique (2) Amérique du nord (7) “La pauvreté pousse à l’émigration, la richesse invite à l’expatriation mais une fois arrivés nous sommes tous des immigrés.”. Michel H.A. Patin.
Entreles efforts pour racheter ses fautes, et l’irresponsabilité la plus totale. Entre mériter la jouissance du monde, et en disposer comme un vandale. On rêve d’un équilibre où le travail serait certes à nouveau une obligation, mais librement consentie et plus féconde et noble que jamais. Où bonheur rimerait même avec labeur.
Dun monde à l`Autre Editions Livres les plus populaires voir plus Et patati et patata Christos Ortiz Mille et une familles Marie-Cécile Distinguin-Rabot Le charme discret des petites roues Paul Samanos Etiquettes voir plus enfants quotidien
1U2kT. Volume 2. Novembre 1942 – août 1945Coédition L’Harmattan et Éditions Communication Jurassienne et Européenne CJEDébut novembre 1942, le débarquement en Afrique du Nord fait basculer la guerre dans une nouvelle phase, marquée par les positions conquérantes des Alliés en Europe. Dès lors et jusqu’à la fin du conflit, le miroir quotidien que représentent les Cahiers » personnels d’Auguste Viatte renvoie au lecteur les reflets suivants un idéal de Résistance spirituelle et un engagement constant pour les valeurs chrétiennes dans le monde d’après-guerre qui s’annonce ; une forte implication culturelle dans la société québécoise en mutation ; une défense de la pensée française dont la promotion de l’idéal francophone est la meilleure et rassembleur autour du mouvement de la France Libre, le professeur de l’Université Laval diffuse ses idées et jugements tant par le manifeste Devant la crise mondiale, dont il est l’un des principaux inspirateurs, que par les chroniques qu’il publie régulièrement dans L’Action catholique ou La Nouvelle Relève. Comment parvient-il à défendre l’unité des Français qui lui tient à cœur, dans un contexte bientôt marqué par une vague d’épurations dont les remous parviennent jusqu’au Québec ? Pourquoi voit-il dans l’émergence d’une troisième voie francophone, tirant parti de la décolonisation à venir, la meilleure réponse à la bipolarisation du monde jugée menaçante ? Enfin, à l’approche de l’armistice, de quelle manière Auguste Viatte parvient-il à concilier son ardent désir de retour en famille dans la France libérée, et son souhait de contribuer de l’intérieur, dans le domaine culturel, à l’émergence d’une Révolution tranquille » qui n’ose pas encore dire son nom? Le second volume de son journal » nous éclaire sur ces différentes questions.
Créées en 2005, les éditions d'un Monde à l'Autre, installées à Rezé, publient des ouvrages albums, documentaires et fictions qui permettent d'aborder dès le plus âge le handicap. Coups de cœur pour des histoires où deux sœurs parlent de leurs frères dans des récits vibrant de sincérité. A lire et à relire, pour aller vers les autres, les accepter avec toutes leurs particularités et, aussi, s'accepter. Le mieux vivre ensemble avec et grâce aux livres. Dans Mon petit frère de la lune, une enfant âgée de quelques années de plus que son cadet raconte la vie avec son frère autiste. Elle décrit comment celui-ci se comportait nourrisson et comment il grandit. On sent tout l'amour qu'elle lui porte même si elle ne lui dit pas directement. Seuls les mots qu'elle emploie, les répétitions du "beaucoup-beaucoup" attestent son affection pour son frère pas comme les autres et "qui regarde toujours en l'air". Franchise et bienveillance, un message touchant sur la différence. En rentrant des courses avec Julien, son frère jumeau, Julia, les bras chargés de papier hygiénique, rencontre Jessica, la fille la plus populaire du collège. Impossible de l'éviter et en plus, cette dernière engage la conversation et s’adresse à Julien. Or Julien ne répond pas et préfère contempler le bout de ses chaussures... Il aurait sans doute été plus simple de présenter son frère et de parler de l’autisme. Mais Julia n’arrive pas à parler de son jumeau ; c’est secret, c’est son secret de famille. Alors, elle raconte une histoire, une de plus et des plus extravagantes. Avec humour et tendresse, Céline Lavignette-Ammoun écrit la relation d’une fratrie dans une famille où le handicap est présent et à l’âge si fragile de l’adolescence. Une lecture qui permet de réfléchir à la place que chacun occupe au sein du foyer entre inquiétude, exaspération et tendresse. Un roman à conseiller aussi aux jeunes Roméo et Juliette qui apprécieront la lecture des premières amours naissants. Et je constate que les rockeurs font toujours chavirer le cœur des filles. Céline Lavignette-Ammoun, Amour, patates et rock'n'roll, éditions d'un Monde à l'Autre, 2010 Frédéric Philibert, Mon petit frère de la lune, album et dvd, éditions d'un Monde à l'Autre, 2011 à paraître Laurie Cohen, La Famille Bizarre!, illustrations de Kristel Arzur, fin avril 2013 souscription jusqu'au 17 avril. Plus d'infos sur les éditions d'un Monde à l'Autre le site.
1La date de 1860 fait coupure. En quelques années se précipite une évolution commencée plus tôt. Irréversible elle fait basculer le Tétouan traditionnel dans le monde moderne. Le bombardement de Tanger et la défaite d’Isly, en 1844, avaient brusquement révélé la faiblesse du Maroc, l’anachronisme de ses structures anciennnes face aux dynamismes nouveaux de l’Europe. N’était-ce pas sa première défaite depuis plus de trois siècles ? Tout à coup éclatait, avec l’inversion des forces, les nécessaires remises en cause de l’ordre ancien. Les esprits se troublaient. Réforme ou refondation ? La grande question, qui n’allait cesser de tarauder le monde musulman, se posait à l’élite tétouanaise. 2Elle n’avait qu’à peine perçu le déclin annoncé. Elle sentait désormais venir les révolutions. Les difficultés, le rapport nouveau des communautés engendraient une crise identitaire. Le départ de certains musulmans fortunés vers Tanger ou Gibraltar, de juifs vers l’Oranie, n’est pas compensé par la venue, à chaque grande crise, qu’exacerbait l’union de la famine et de l’épidémie, de ruraux dont beaucoup ne retournaient point chez eux. Les juifs ne paraissaient plus tout à fait les mêmes. Ils étaient plus nombreux, plus pauvres souvent, ne vivant plus dans le même esprit citadin. Ils regardaient vers l’Europe où ils trouvaient des avocats. Une partie d’entre eux n’était insensible ni au renouveau du mysticisme juif ni au mirage de retour en terre promise. Les représentants européens intervenaient de plus en plus souvent et lourdement dans les affaires de la cité. Ainsi l’injonction et la menace française avaient provoqué la destitution de Ash-ash en 1851. Les protégés européens, chaque année un peu plus nombreux, créaient une nouvelle classe, marocaine dans ses droits et profits, étrangère dans ses devoirs. Le siège de TétouanLa vallée de Tétouan, le 1er février 1860, avec les camps de l’armée espagnole Atlas histôrico y typográfîco de la guerra de Africa, Madrid, 1959. Tétouan en 1860Plan de Tétouan dressé en 1860 pendant l’occupation espagnole Atlas histôrico y typográfico le la guerra de Africa, Madrid, 1959. 1 Sur l’enthousiasme en Espagne, cf. M. C. Lecuyer et C. Serrano La Guerre d’Afrique et ses représen ... 3La guerre avec l’Espagne en 1859-1860 fut l’heure de vérité. Le conflit mûrit à l’automne pour éclater le 22 octobre. Les troupes espagnoles débarquèrent le 12 décembre à Ceuta et marchèrent dès le 13 sur Tétouan. L’exaltation emportait les deux partis. C’était comme si renaissait ici la flamme de la reconquista, ressurgissaient là toutes les nostalgies et les rancunes de l’exil ou de l’expulsion. En Espagne l’enthousiasme saisit toutes les régions, toutes les classes. Un vent de croisade emporta toute raison et toute critique1. 4A Tétouan, l’ardeur patriotique atteint un degré extrême ». Tous les témoignages l’attestent. A la nouvelle de la guerre un enthousiasme indescriptible éclata ! Les salves d’artillerie tonnèrent, des fantasias eurent lieu ainsi que des cérémonies dans les mosquées. Les santons parlaient de guerre sainte. Les Tétouanais se flattaient d’anéantir l’ennemi au premier choc. » L’unanimisme n’était cependant pas sans quelques réserves, par lesquelles se révélaient les fractures de la société tétouanaise. A ceux qui rêvaient de revanche et du mythe du jihad s’opposaient les prudents, prompts à mettre leurs biens ou leur personne à l’abri. Les juifs, étrangers à la lutte, étaient les plus divisés. Beaucoup voyaient dans les Espagnols des protecteurs. Tétouan occupéeDessin des ingénieurs espagnols montrant Tétouan vue du sud. La signature de la paix de Wad Ras. Atlas histôrico y typográfico de la guerra de Africa, Madrid, 1959. 1 Nouveau mellah Plan, 13 5Le 6 février 1860, la ville se livrait à l’armée d’invasion, non sans avoir été en partie pillée par les tribus voisines, par fureur de la défaite et detestation du nanti. L’occupation se fit dans l’exultation du mellah1, dans la désespérance des musulmans. Elle dura 27 mois, jusqu’au 2 mai 1862. Les transformations visibles de la cité nouveau plan d’urbanisme, ouverture d’une partie des murailles, transformation de l’église, constructions nouvelles étaient moins importantes que les modifications sociales et les perturbations psychologiques. L’exultation du mellahFamille juive conversant avec des occupants espagnols. Gravure du xixe siècle. 2 Sur les actions antijuives, cf. N. A. Stillman, Two accounts of the persecution of the Jews of T ... 3 L’écho s’en trouve dans l’ouvrage très orienté de S. Lebovici ; cf. entre autres Ainsi se t ... 6Il y eut, comme dans toute occupation, des collaborateurs et des résistants. Il y eut des haines intestines. La suspicion frappa les juifs, habituels boucs émissaires, sans doute, des temps difficiles, mais qui s’étaient de trop éclatante façon réjouis de la présence espagnole ou avaient tiré profit de trafics divers2. Ils manifestaient haut leur revendication d’un nouveau statut et, brandissant la protection européenne, annonçaient l’avènement d’un temps nouveau3. 7Le mythe communautaire était brisé. À la fois passéiste et millénariste, il avait entretenu, étroitement liés, les deux sentiments contraires du refuge et de l’attente dans le rêve d’une Andalousie idéale à recréer ou à retrouver. Si la nostalgie séculaire et diffuse de l’époque avait désormais trouvé chez les juifs un nouveau point d’ancrage, elle avait conforté chez beaucoup de musulmans l’amertume et le sentiment d’une histoire injuste recommencée. La peur de l’avenir s’infiltre dans la juderia », note une historienne juive tétouanaise, avec déjà le regret de voir se terminer ces vingt-sept mois d’une vie dynamique, d’ouverture et de retrouvailles avec l’Espagne. » 8La cassure était moindre entre les citadins et les tribus. Elle s’était néanmoins accrue, ravivant les vieux antagonismes. Le mot de trahison était proche, celui d’exploitation fréquent. Les ruraux garderont rancune et désir de revanche. La ville en subira les rudes effets dans les assauts de 1903-1904. 9Ainsi s’effaçaient, dans cette fin de siècle, les harmoniques que, malgré les antagonismes et les vicissitudes, Tétouan avait su créer et entretenir pendant quatre siècles de bonne et mauvaise fortune. L’esprit des lieux 10Tétouan, ville andalouse marocaine. L’identité de la cité, son originalité, l’esprit des lieux tiennent à l’alliance de ces deux adjectifs. Que sa vie traditionnelle s’achève dans la guerre, que désignera son nom, porte plus que symbole. Un des meilleurs connaisseurs de la ville écrivait, voici près de cent ans La guerre a joué un rôle capital dans les destinées de Tétouan, car cette ville en supporta le poids principal ; elle fut en effet d’abord l’objectif, puis le point d’appui, le pivot des opérations militaires. C’est à l’ombre de ses murs que se tinrent les conférences pour la paix. Et le souvenir de la victoire des Espagnols, de leur essai d’installation dans cette partie du Maroc ne cessera de sitôt de se rattacher à l’écho de son nom ; de persister vivace dans le cœur de ses citoyens » Joly. 11Tétouan est en effet une histoire inscrite dans des murs, une société encore perceptible, des mœurs toujours vivantes. C’est, tout aussi, un mythe et un ensemble d’images, de représentations collectives et individuelles. Ces vestiges de l’histoire et ses rémanentes perceptions s’affirment en traits permanents, politiques, économiques et sociaux, culturels enfin. Politiquement, la ville est marquée, dès sa refondation et à travers les siècles, par le principe de l’affirmation de la foi, du refus de son abandon, de la défense de l’Islam, en un mot, du jihad. Ses héros historiques sont des moujahidines, des combattants de la foi. Ce sentiment est entretenu par la présence de Ceuta, des sièges que l’on en fait depuis Tétouan, base arrière des combats, par la course, cette activité si méconnue de la cité. Un bon observateur pouvait noter le rôle de ce ciment dans les solidarités tétouanaises Fils d’Andalous ou de Rifains, postérité de ceux qui jadis firent briller la civilisation hispano-mauresque sous le beau ciel d’Andalousie ou descendants de ceux qui gardaient les chèvres dans l’âpre pays du Rif, [ils] ont, de père en fils, plus ou moins combattu contre l’Espagnol, avant-garde de la chrétienté dans ces parages comme ils l’étaient, eux, de l’Islam. » 12Lié à ce fond permanent, apparaît le rôle successif des dynasties » locales qui, généralement, de père en petit-fils pendant trois ou quatre générations, imposent leur pouvoir, les Mandantes au xvie, les an-Naqsis au xviie, les Riffi au xviiie, les Ash-ash des xviiie et xixe siècles. Ils sont seigneurs de la guerre et de l’administration. La racine de leur pouvoir est dans la ville, mais leur stature et leur destin dépassent ses limites. Ils s’imposent souvent à tout le nord-ouest du Maroc, de Larache à Tanger et el-Ksar el-Kebir. Ils traitent avec l’Europe. Ils font et défont parfois les sultans qui, jusqu’à la dernière grande révolte de 1820-1822, doivent compter avec eux. 13L’autonomie face au pouvoir central ne signifie ni totale indépendance ni refus d’allégeance. Elle porte constamment suspicion à l’égard du pouvoir central et témoigne d’une profonde volonté de l’oligarchie des familles andalouses – sans le consensus desquelles le pacha ne pourrait ni accéder au pouvoir ni s’y maintenir – de demeurer maîtresses du jeu politique. La ville sut, à travers les siècles, intégrer les nouveaux venus parce qu’elle leur offrait un modèle complet de civilisation. Le double mouvement des apports successifs et de leur assimilation s’intègre dans une variante ou une nuance d’al-Andalus. L’art de vivreIntérieur d’une maison traditionnelle fin xixe, début xxe siècle. L’art de vivreIntérieur d’une maison avec les objets traditionnels divan bas, tissus brodés, table, étagères de bois peint, etc. 14Un temps, la ville fut la seule du Maroc à rappeler les cités méditerranéennes, avec ses bourgeois musulmans, ses juifs, ses Européens et ses Arméniens, l’église, les synagogues et les mosquées. Avec des liens noués dans toute la Méditerranée, les références ibériques des Andalous, des Morisques et des Sépharades, leurs relations avec les autres groupes de leur diaspora. 15Tétouan, ville fermée et secrète, était aussi ville ouverte à toutes les influences extérieures. Ville profondément andalouse, dans son fonds humain originel, et viscéralement attachée à ses origines ibériques, elle accueillait les Morisques et les juifs de Castille, les Riffains, les Algériens, les négociants fassis. Ces nouveaux venus s’intégraient, en conservant des traits originaux, cependant que s’affirmait la pérennité de l’influence – économique, administrative, politique – des grandes familles bourgeoises. L’esprit des lieuxLe marché de Gharsa al-Kabira fin xixe, début xxe siècle Bibliothèque générale, Tétouan. 16La prospérité économique, trop souvent niée par les historiens marocains eux-mêmes au constat de l’ensommeillement du xixe siècle, avait été un facteur puissant de cohésion. L’artisanat fut des plus brillants. Et le commerce régional, dont témoigne l’étoile des routes rayonnant de la ville. Surtout, Tétouan fut, oublié par ses propres habitants aujourd’hui, un port important, un moment le premier du Maroc, aux liens étendus vers tous les horizons maritimes et loin dans l’Afrique profonde. Il put, dans la course, rivaliser un temps avec Salé ou Alger. Son nom était connu d’Amsterdam à Smyrne, de Londres à Tombouctou. 17La ville moderne actuelle, dont la population a décuplé, plus juxtaposée que substituée ou mêlée à la cité ancienne, n’a pas effacé les traces séculaires de son histoire. Dans ses murailles, elle a conservé la double marque de son origine andalouse, de son siècle d’or 1680-1780 marqué d’influences ottomanes. Mais plus que ces témoins matériels, qui maintiennent à l’aube du xxie siècle le cadre d’une cité andalouse de la Renaissance, ont perduré la culture, le folklore, les mythes qui constituent l’originalité du caractère du Tétouanais. 18L’identité du Tétouanais dans sa propre mentalité et dans celle de l’autre a toujours constitué un problème ; celui de sa conscience historique. Fier de son passé, de sa spécificité, le Tétouanais fut et reste mal compris par l’autre ». Les racines de cette méconnaissance remontent à la refondation. Le Tétouanais associe individualisme et esprit civique. Il a le sentiment d’être incompris, mal aimé, maltraité, voire menacé, toujours visé. Il a tendance à se vouloir autosuffisant et à ne dépendre que de lui-même. Cela se traduit par son sens de l’économie et son autonomisme politique. Cet individualisme fut conforté par l’intégration sociale et la grande cohésion citadine. Des traditions toujours vivantesArtisans dans leur échoppe traditionnelle dans le quartier de Kharrazin Biblïoteca nacional, Madrid. 19L’historien Dawud, lui-même tétouanais de souche andalouse, décrit le tempérament et l’esprit de la ville, non sans gommer les troubles, les excès, les zizanies, et peint l’image d’un Tétouanais stéréotypé dans une cité idéale Tétouan a toujours su comment vivre dans la dignité, défendant son orgueil et ayant toujours une bonne réputation, malgré sa faiblesse économique et la pauvreté de ses tribus environnantes. Ainsi les gens se sont accommodés du peu qu’ils possédaient, le trouvant largement satisfaisant. Ses faibles avaient un bon aspect, ses petits étaient propres, ses riches économisaient et étaient bien organisés. Leur vie était toujours heureuse, et ses travaux bien organisés et perfectionnés. Pour toutes ces raisons, ses habitants étaient tranquilles et vivaient en pleine sécurité, totalement résignés à leur destin. Voilà le bonheur chez les raisonnables et ceux qui connaissent la réussite. Nos remerciements au Dieu des habitants de la terre. » 20Nous avons voulu reproduire ces lignes résumant la définition de l’esprit tétouanais par un Tétouanais pleinement conscient et fier de son origine. En fait ce texte, écrit en 1959, montre la persistance d’une image qui a ici valeur de facteur historique. Ainsi le Tétouanais aisé et lettré du milieu de notre siècle se veut-il, veut-il se voir. Et voir sa ville. Métamorphose du mythe de al-Andalus. Recréé en terre marocaine. Des regards croisés naîtraient d’autres images, plus romantiques ou plus réalistes. Cependant Dawud a bien montré du doigt l’essentiel de la personnalité du Tétouanais le sentiment de marginalité, celui d’orgueil du porteur de valeurs humaines et transcendantes. N’était-ce point ceux-là mêmes que ressentaient ses ancêtres andalous au moment d’aborder la terre marocaine, d’y refonder leur foyer en une cité nouvelle ? 21Ils l’enrichirent de tout ce que le terreau marocain leur fournissait et de tout ce que le vent des aventures et les trames du commerce leur apportaient de l’Europe proche, à la fois si étrangère et si présente, du Levant lointain, mais si intimement lié à leur foi.
d un monde à l autre éditions